Parcours voix musique visuel
Crèche La Goélette
Autour du spectacle Le Monde était une île, un parcours au sein de la crèche La Goélette s’est déroulé en association avec la salle de spectacle La Belle Électrique, à Grenoble.
– Création 2020 –
Ce parcours sensoriel, en lien avec la capacité créative de chaque tout-petit et de l’adulte accompagnant, a permis aux enfants et adultes accompagnant de « vivre » au cœur de la structure un processus de création et, au-delà de l’approche psychomotrice valorisée, de voir « naître » une œuvre, individuelle et collective, de sentir l’implication de sa propre créativité dans l’élaboration de cette dernière et, ainsi, de mieux « ressentir » sa place dans le monde.
Ce parcours création s’est déroulé en trois temps, en association avec La Belle Électrique, à Grenoble.
1 – Performance voix musique corps
Dans un dispositif simple, guitare, basse, les artistes ont proposé un parcours bruité et chanté-parlé du récit, une performance voix musique et corps qui a permis la rencontre entre les artistes et les enfants. L’artiste voix Johanna Kravièk a traversé le récit cosmogonique, exploré des improvisations bruitées, déroulé une gamme de nuance, douceur, rythme, silence, accélération, lenteur, etc. et cherché à ce que les mots racontent au tout-petit. Elle a collecté, en résonance, les voix du public et joué avec, en lien avec la musique. Répéter, donner à entendre, rythmer la voix… une écriture orale en performance pour une exploration des possibles du langage.
Patrick Mistral, musicien, a joué à vue, crée des climats en lien avec les événements de l’histoire et les actions du public. Plongé dans la construction de son univers sonore, il a offert à l’enfant une liberté de regard sur le geste musical. Le jeu avec les objets sonores à disposition a permis au tout-petit de reprendre les gestes du musicien s’il en avait envie, d’explorer la notion de raconter avec des bruits, de créer un jeu choral, faire naître des mouvements sonores collectifs.
La construction voix musique a engagé le corps de l’enfant, sa perception des sons, des bruits, des mélodies, son corps a pu réagir, se mettre en mouvement, marquer un tempo, rythmer avec sa tête, ses bras, ses jambes, etc. un mouvement collectif naissant des propositions du public, enfants et adultes, vibration des mains, glisser les pieds, plier les genoux… Les connaissances motrices implicites ont offert les bases d’une chorégraphie collective. Pendant la traversée, les tout-petits expriment des émotions, des questionnements, interpellent l’adulte accompagnant autour de ce qu’ils sont en train de vivre, un lien nouveau se tisse entre enfant et adulte accompagnant.
Une expérience multisensorielle commune entre tout-petit et adulte
2 – Rencontrer l’Art du Collage
Comment faire jaillir une esthétique et porter un autre regard sur l’histoire ?
À partir d’un personnage ou d’un motif du récit, sur une grande feuille noire, les tout-petits ont exploré la création d’un collage artistique. Ils ont cherché dans les magazines, les journaux ; à partir des matières à disposition, tissus, objets, etc. pour faire naître une œuvre plastique.
Utiliser le pinceau ou le bâton de colle, écouter son geste artistique… Comment coller, comment découper, comment mettre ensemble, réunir des éléments différents et faire sens ?
Les enfants et adultes accompagnants par petit groupe ont exploré les pistes autour des personnages du mythe, Sibelle la jeune femme enceinte, les oiseaux, la tortue, les poissons, des possibles paysages extraordinaires, sous l’eau, sur l’île dans le ciel, etc. des compositions étranges pour lesquelles ils-elles étaient libres de choisir et de décaler la réalité des images.
Ces œuvres ont ensuite été photographiées et travaillées en montage vidéo par les artistes pour une installation permettant d’immerger les tout-petits et adultes accompagnants dans leur propre scénographie vidéo projetée.
3 – S’initier au théâtre d’ombres
À l’occasion de cette traversée, un écran a été installé au cœur de la structure, sur lequel l’enfant a découvert l’être « spectateur et/ou acteur » par le jeu. Une source de lumière derrière l’écran a permis d’explorer en solo / duo / trio, avec son propre corps ou avec silhouette, d’être « acteur » du visuel. Le corps mis en scène, s’exprime dans un nouveau rapport à l’image, une façon d’interpréter une autre réalité.
L’enfant qui regarde est « spectateur », il peut découvrir la « métamorphose » qui s’opère entre la réalité et l’ombre de l’autre en scène.
Mystérieux, fascinant et rassurant, le théâtre d’ombres possède une réalité propre et, en même temps, ouvre les portes à l’imaginaire. Il n’impose au public ni forme ni signification, mais propose surtout d’interpréter, mettant en route la liberté d’imaginer. Le théâtre d’ombres rend accessible, dès tout petit, au rêve éveillé, phase essentielle dans la construction de la libre pensée.
En jouant avec le théâtre d’ombres et la vidéo projection des collages, les corps ont pu s’immerger dans le visuel des moments et conscientiser le procédé de projection du corps en ombre, de l’interaction avec son ombre, de l’implication de l’imaginaire de chacun.e dans une création collective.
Exploration corps et ombre – Rize, Villeurbanne – Petite enfance 2019